Just married
Publié le 17 Septembre 2017
Voilà déjà 3 mois qu'avec le Blond, nous nous sommes dit OUI. Pour la vie !
Du moins, pour ce qu'il nous en reste.... c'est l'avantage de se marier (bien) après 30 ans !
Du coup, tout semble plus abordable et plus concret, en particulier les vœux de soutien mutuel et inconditionnel que nous échangeons lors de la cérémonie civile, ceux qui nous font promettre que nous resterons là, l'un pour l'autre, "jusqu'à ce que la mort nous sépare"... malgré nos rides, nos gaz intempestifs et nos amnésies de petits vieux (et c'est tout le mal que je nous souhaite). Mais je pourrai vous en reparler plus concrètement, d'ici 40 ans :-)
Fait sans doute totalement ordinaire dans la vie d'une mariée : j'ai l'impression d'avoir passé plus de temps à préparer ce mariage, que mon brevet des collèges, mon BAC, mon BTS, mes certifications de secourisme, de musique et mon permis de conduire... tout cumulé. Il faut dire qu'entre le moment où le Blond a eu la folle idée de me demander en mariage, et la réalisation du projet, deux années se sont tout de même écoulées !
Une tranquillité de planning absolument nécessaire et salutaire pour notre couple (et j'encourage quiconque à suivre cette voie de sagesse). Selon la très juste expression italienne "Chi va piano, va sano" :
Aller doucement mais sûrement.
Malgré ce long temps de préparation qui nous a permis de vivre avant le mariage, en dehors du mariage, je réalise en écrivant ce billet que j'ai oublié l'indispensable à notre cérémonie. Et à toute cérémonie d'ailleurs. Ce joyau du registre lyrique que je désespère de ne plus pouvoir chantonner sur les bancs de l'Eglise (faute de mariages religieux dans mon entourage) : mais pourquoi ai-je oublié de programmer...
TENIR UNE LAMPE ALLUMÉE ?!!
Moi qui serine mes copines pour l'ajouter systématiquement à leur livret de prières, j'oublie la chanson qui a fait vibrer les dernières paroisses où je suis passée. Bon, j'exagère un peu, certes. La raison première est sans doute que nous ne nous sommes pas mariés à l'Eglise. Certes. Et puis de toutes façons, aucun regret : je vous livre une petite confidence qui me soulage par la même occasion : après avoir passé 40 heures à écumer les playlists 70's pour trouver notre musique d'entrée et notre musique de sortie de mairie... l'adjoint au Maire n'a pas vu qu'il y avait 2 pistes sur notre CD...
Question qui me vient à l'esprit : est-ce que, FRANCHEMENT, quelqu'un s'est un jour souvenu des thèmes musicaux, des codes-couleurs, des coquillages ou des fleurs que les mariés s'épuisent pourtant à imaginer en amont, pour accueillir leurs invités ? La réponse est NON. Ces vérités étant dites, chacun sera soulagé de s'en rappeler, lorsqu'il préparera à son tour son mariage :-)
SE MARIER...
Bien que ça n'ait pas été un objectif absolu dans ma vie, je dois dire que cette étape figure finalement parmi les SUPER CHOUETTES moments dans la vie d'un terrien. En tous cas, le nôtre nous a permis de vivre des émotions intenses avec tous ceux que nous aimons, à s'échanger de la joie, de la bière, du rhum et du pinard pendant 3 jours. Vu sous cet angle, comme dirait notre bon vieux Georges :
Au-delà de l'aspect festif, le mariage vous enseigne que la personne qui vous en fait la demande, vous aime vraiment (enfin, le doute est permis si êtes un.e célibataire de 97 ans, avec un ranch dans les Landes, une villa à Saint-Jean-Cap-Ferrat, et le package qui va bien pour se divertir et se déplacer jusque dans l'espace). Mes 3 raisons irréfutables pour soutenir cette théorie :
1) Un mariage coûte une blinde, ou un bras, ou même plusieurs organes (de plusieurs membres de votre famille, parfois). Il faut en vouloir !
Décider de se marier, sans en peser les conséquences financières serait pure inconscience. Évidemment, nul n'est tenu de privatiser un hôtel-boutique à Florence, avec un lâcher de Aras (plus écolo que la lanterne volante, mais moins éthique) et le meilleur DJ local aux platines. Mais j'ai découvert que la sobriété* a aussi un prix : ne soyez donc pas étonnés d'auto-financer votre voyage de noces après avoir réglé les dernières factures de votre mariage "pourtant pensé en toute simplicité". Avec un peu de recul, je réalise que le mariage finit par anesthésier notre faculté à mesurer et à modérer les dépenses et les limites que l'on s'était fixées : après avoir payé des nappes, des rubans, des paillettes, des pailles, des serviettes, des cadeaux, une robe de mariée, la robe du soir, la robe du brunch, une veste "au cas où", de la lingerie fine, un costume, une tenue "bis", des chaussures de ville, des fleurs, deux bagues chez le joaillier... on finit par croire que son compte bancaire est illimité ! Le fameux "bon... foutu pour foutu" qui vous fait craquer sur des m**des chinoises hors-de-prix que vous vous étiez promis de ne jamais acheter...
(*) pour ceux qui y était : sobriété relative, j'en conviens.
2) Un mariage condamne régulièrement un couple à vivre en repli sur lui-même, et à transformer ses soirées "Camping Paradis" (en mode peinard) en "Pinterest Paradis" (en mode obsession). Alors oui, il faut vraiment en vouloir !
Sans un effort d'auto-discipline et de modération, la préparation d'un mariage peut rapidement virer en opération-commando où CHAQUE menu détail, jusqu'à la couleur du papier toilette, sera étudié pour que l'instant soit "parfait" (parfait pour qui d'ailleurs, c'est la question qu'il faudra se poser... mais c'est un autre débat). Vous vous transformerez peut-être en cette machine de guerre qui imagine, prévoit, achète, bricole, stocke. Vos réseaux sociaux afficheront de nouveaux centres d'intérêt, les bons plans du samedi soir cèderont la place aux meilleurs fleuristes de France, et vos soirées au restaurant seront désormais ponctuées de "J'aime bien ce motif de serviette, pas toi ?!" (question rhétorique) ou "Ce plat serait juste parfait !". Sans une certaine vigilance, le quotidien se fait absorber par les préparatifs d'un événement supposé génial... transformant le quotidien marital en pur cauchemar où l'on ne parle plus que chiffons et où l'on se vexe 5 fois par jour parce que l'autre préfère une autre teinte de vert (ou s'en fout). Sans vouloir être alarmiste, les cas de séparations pré-mariage prouvent tout de même que ce projet comporte des risques pour ceux qui s'y perdent !
Un dernier argument pour vous convaincre ?
3) La demande en mariage, c'est quand même la preuve que l'autre est prêt à mélanger officiellement son AVENIR avec nous !
L'avenir, c'est aussi, très basiquement : changer les noms sur la boîte aux lettres et sur la porte d'entrée, utiliser la même déclaration d'impôts et payer parfois plus d'impôts qu'avant, c'est dire décomplexé en soirée qu'on est "marié.e" quand tous les autres sont encore célibataires et/ou à la FAC (ou "comment te prendre un coup de vieux" en une leçon), c'est éventuellement porter le nom de famille de la belle-mère, et c'est choisir une maison de retraite et un caveau ensemble. Accessoirement, si ça peut en rassurer certains.es , le mariage, c'est administrativement la preuve que vous êtes l'officiel.le : génial, non ?!
Bon, pour éviter tout procès à mon encontre, je souhaite modérer mes propos : IL EST TOUT A FAIT POSSIBLE que l'on vous demande en mariage, mais sans avoir considéré ces 3 "raisons irréfutables" qui peuvent s'avérer totalement rédhibitoires après mûre réflexion Dans ce cas, je vous invite à vous faire tout.e petit.e, notamment avec la couleur des chemins de table, et d'attendre le couronnement bien sagement dans votre coin !
Donc voilà 3 mois qu'avec le Blond, nous nous sommes dit OUI "pour la vie".
Je terminerai ce billet, non pas avec ces recommandations organisationnelles, mais avec un message d'espoir :
Pour toutes celles et ceux qui se demandent si un jour, ils trouveront cette Personne avec qui partager ce quotidien éphémère et avec qui vieillir gaiement, sans craindre cette satanée solitude qui nous guette tous, sans exception.
Pour toutes celles et ceux à qui on colle une étiquette de malfaçon, "parce qu'à ton âge, j'étais déjà marié.e et j'avais x marmots" ou parce que vous êtes simplement le ou la dernière de la communauté à ne pas avoir constitué votre package logement-voiture-mariage-enfants.
Pour toutes celles et ceux qui intriguent le monde parce qu'ils ne sont pas "deux" et parce qu'être célibataire est un handicap qui angoisse plus l'entourage que soi-même (mais qui, de fait, finit par franchement faire flipper).
Pour toutes celles et ceux qui ne rentrent pas dans le moule sociétal (parmi tant d'autres), et qui finissent par devenir ternes, déprimés, défaitistes, inquiets :
Et je rajouterai même, pour ma part :
"Parce qu'ils ne savaient pas que c'était impossible, ils l'ont fait" [Mark Twain]
Je suis l'exemple vivant qu'il est toujours possible d'accomplir ce qu'on finit par se convaincre comme impossible (dans une perspective raisonnable, évidemment, il n'est pas question de se faire pousser une 3ème jambe par sa seule volonté) : se marier (et en tous cas, "être deux") appartenait, selon moi, à l'univers très fermé des Gens Heureux... dont je ne faisais pas partie. C'était un fait : cette étiquette de malfaçon que mon entourage avait fini par projeter sur moi par ses inquiétudes et ses espoirs (bien souvent bienveillants), allait me coller à la peau jusqu'à la fin des temps. Et je m'en étais fait une raison. Et en toute sincérité, même si cela semble facile à dire dans ma position : je ne pense pas que le couple soit la seule voie possible au bonheur (loin de là), et je ne pense pas non plus qu'il faille absolument être en couple pour être en phase avec soi même. Chacun verra midi à sa porte. Le tout est d'arriver à extraire ses envies propres, des idées qui nous traversent l'esprit par la pression environnante...
Si vous aussi, vous vous êtes résigné.e à penser que la vie n'est qu'un rouleau d'événements aléatoires, tissés dans les mailles du hasard,
je vous arrête tout de suite :
la chance (le destin) est avant tout un terrain que chacun a le pouvoir de cultiver.
En changeant de regard sur le monde, en s'ouvrant aux autres, en respectant son intégrité et sa personnalité, en assouplissant ses exigences, en nourrissant les opportunités et les rencontres... le tout, d'un profond sourire. L'attitude que l'on a vis-à-vis de soi et envers les autres, influe fortement ce bonheur que l'on repousse parfois inconsciemment, ou que l'on cueille. Lorsque cet impossible n'est plus une destination impérative, une attente de tous les jours... c'est alors qu'il nous tombe dessus.
Lorsque j'ai rencontré mon Blond, j'étais alors en recherche active d'un amoureux sur divers sites de rencontres... recherches qui sont vite devenues usantes et déprimantes. S'en sont alors suivies une armada de questions insolubles :
>> Et si cette personne n'existait pas, là, ici, à cet instant de ma vie ?
>> Et si elle habitat à l'autre bout du monde... ou dans une autre ville, sans internet ou sans compte payant RencontreTaGonz ?
>> Et finalement : pourquoi s'entêter à être "deux" ? Par besoin personnel ou pour céder à l'attente extérieure ?
Toujours est-il qu'il m'en a fallu, de l'ouverture d'esprit, du lâcher-prise et de l'espoir, pour "voir entre les lignes". Pour imaginer sur M**tic que cet Homo Sapiens posant devant son barbecue de camping, la merguez conquérante (sans mauvais jeu de mots), pourrait peut-être devenir l'élu. Par je ne sais quelle surprise chimique. C'est un fait : certains hommes semblent avoir gardé des techniques de séduction préhistoriques, où la collection de massues a cédé la place à la moto de salon :
Mais cette problématique a déjà été balayée dans mes précédents billets que je vous invite à (re)découvrir : Meet me on Meetic [part one] et Meet me on Meetic [part two]
Le contexte étant posé, j'ai rapidement compris que j'avais commis une grossière erreur sur ces providentiels sites de rencontres :
Définir LA personne qui pourrait (mathématiquement ou logiquement) nous correspondre, en cochant et en décochant des critères physiques, musicaux ou encore filmographiques, dans le formulaire de recherches.
Alors, on est d'accord : on peut éventuellement s'autoriser à "exclure" les hommes ou les femmes de plus de 60 ans, quand on en a 25. Ou ceux qui en ont au contraire 20 quand sa carte d'identité en affiche le triple. On peut également s'octroyer quelques fantaisies de style, en retirant par exemple le candidat qui pousse fièrement du Jul dans sa Golf GTI over-tunée. Vous auriez peut-être même le droit de le signaler à l'administrateur du site ! ^^
En tous cas, au-delà de quelques critères rédhibitoires, mieux vaut ne pas céder à l'appel trompeur du formulaire physionomiste, explications vous étant détaillées plus bas (je comprends néanmoins la curiosité brûlante de dénicher un petit blondinet perdu sur le réseau, en cochant "acteur", "30 ans", "beau" et "intellectuel"...)
Pour ma part, j'ai évidemment fait cette erreur de filtrage, après m'être farci 250 pages de résultats sur le fameux site du caddie magique. J'en étais rapidement venue à la conclusion qu'il allait me falloir pré-trier les candidats pour consacrer moins de temps aux recherches et davantage aux sorties et aux amis. J'ai donc commencé à cocher...
> Brun
> Cheveux courts
> Yeux bruns /ou/ verts /ou/ bleu foncé
> (plutôt) Sportif
> Décontracté, jazz, pop, folk
> 30-35 ans max.
... et j'ai décoché tout le reste.
Ce qui devait donc me conduire à cet ordinaire portrait-robot :
Mais voilà, le Gaspar, je ne l'ai pas trouvé...
Pas de sosie, ni de vague ressemblance (ni de près, ni de loin).
Pas de coup de coeur.
Et sans doute trop de barbecue, de selfies narcissiques et de bling-bling.
Et puis un jour, alors que je m'ennuyais ferme, j'ai refait un tour dans le catalogue.
Sans tri.
Et je suis tombée sur un...
> Blond
> Barbu ou moustache
> 36 ans
> Cheveux mi-longs
> Rock, métal, dub, reggae
Parfait ! Rien à voir avec mes critères.
Au mieux, sa facilité à lever le coude au bar, et sa connaissance du terme "écologie".
Le Blond était pourtant bien arrivé dans ma vie, et par l'issue de secours. Il vivait là, à deux pas de moi, sur le trottoir d'en face, foulé tant de fois sans que je ne prenne jamais la peine d'y poser les yeux (pour ne pas vous perdre, je vous passe les détours et les détails de l'histoire qui a suivi, jusqu'au fameux mariage).
Ce que je voulais surtout vous dire ce soir, c'est l'importance de se laisser cueillir dans la vie, se laisser surprendre par ce qui ne peut pas être ou ce qui ne doit pas être. Laisser place à l'imprévu, à l'étonnement, aux écarts, aux contradictions. A trop vouloir matérialiser le profil de celui qui DEVAIT être "le bon", à trop vouloir contrôler la direction, la manière et la forme de mon avenir, j'allais finalement passer à côté :
C'est ainsi que, sans une destination impérative, sans une attente de tous les jours, l'impossible nous est tombé dessus, à l'opposé de nos idéaux.
Je vous laisse, avec une dernière citation (tibétaine) pour méditer gentiment.
Souvenons-nous toujours, lorsque nous ne trouvons pas ce que nous cherchons, lorsque l'ennui ou la solitude l'emportent :
"Ce n'est pas le paysage qui est petit, c'est la fenêtre par laquelle on le regarde".